Le pire endroit

[Benoit Lacombe]

J'y vais.
Ah  non, j'y vais pas.
Ah, oui, il faut que j'y aile.
Non, non c'est stupide, ça sert à rien.

C'était un court extrait de ce qui s'était passé dans la tête de Morato Zeder quelques jours durant, jusqu'à ce que sa curiosité l'emporte. Sa curiosité et, à quelque part, cette partie de lui qui voulait avoir un sujet de conversation à aborder avec les demoiselles Saelig le jour où il réussirait à leur parler. Ce jour, toutefois, semblait encore incroyablement loin aux yeux de Morato.

C'est ainsi qu'il se trouva, un bon jour, devant les grandes portes de l'école. Il détestait l'école. Il y avait probablement vécu les pires années de sa vie. Pas qu'il s'était vraiment senti émotionnellement affecté par ce que les intimidateurs lui disaient, non, ils avaient raison de toute façon, il était un raté. Simplement que c'était là qu'il n'avait pas eu le choix, à plusieurs reprises, de se retrouver dans des situations sociales gênantes qu'il aurait préféré éviter. Kazuhira était probablement un des seuls souvenirs qu'il gardait qui n'était pas mauvais. Une partie de lui se demandait s'il allait le croiser, mais là n'était pas le but principal de sa visite.

Il entra dans le bâtiment et tenta de croiser le moins de regards possibles, ne prenant aucun détour pour se rendre directement là où il voulait se rendre: le bureau du Magistrat. Il attendit une vingtaine de minutes devant la porte à hésiter longuement, pour finalement se décider et cogner à la porte. Il espérait ne pas se faire retourner de bord.

[Kevin Poissant]

Les locaux de l’école étaient pratiquement vides à cette heure de la journée, ou plutôt les corridors l’étaient. Les élèves étaient tous déjà en classes et les quelques chercheur n’ayant pas cours préféraient rester dans leurs bureaux.

Morato dut attendre facilement cinq minutes avant d’avoir la moindre réponse. Cette réponse provenait de l’autre côté de la porte massive marquer du nom du magistrat et doyen de l’endroit. Elle se traduisit par un simple et claire «entré«, dit d’une voix claire et forte. La porte n’était visiblement pas barrée.

[Benoit Lacombe]

Morato Zeder prit tout de même quelques longues secondes avant de se décider à entrer. Il ouvrit timidement la porte, pénétra dans l'embrasure de la porte et referma cette dernière délicatement derrière lui.

[Kevin Poissant]

À l’ouverture, la porte coulissa comme un charme ne faisant Presque aucun bruit et révélant le bureau du magistrat. L’endroit était austère et possédait peu de luxe si ce n’était qu’une large bibliothèque remplis de divers parchemins et manuscrits dont certains prenaient la poussière.  Visiblement plusieurs d’entre eux étaient  définitivement plus vieux que le village et étaient probablement le résultat des récentes fouilles archéologiques.

Le bureau lui-même était une pièce de bois simple avec un chandelier installé à l’une des extrémités. Preuve de vieilles habitudes. Devant le bureau, deux chaises installé face au bureau.

Le magistrat était assis dans l’une des seules pièces de luxe de l’endroit, un fauteuil capitonné. Il regardait le jeune Zanash entré dans le bureau d’un regard inquisiteur.

-Vous pouvez prendre un siège. Vous n’êtes certainement pas venus ici simplement admiré la décoration non?

Il désigna l’une des chaises devant son bureau, déroulant lentement un parchemin sur son bureau et préparant son encore et sa plume.  

[Benoit Lacombe]

Morato Zeder acquiesça d'un signe de tête, ne s'attardant pas trop à regarder les apparences des lieux. La seule chose qu'il sembla regarder un peu plus que le reste fut la bibliothèque remplie de lire. Une partie de lui se demande ce qui pouvait bien s'y trouver, et une autre partie était convaincu qu'il serait intéressé par le contenu.

Il s'assied dans la chaise et son regard s'attarda sur le parchemin devant lui.

- ''Allez-vous... prendre en note ce que je dis?''

Il avait les sourcils froncés, pas par mécontentement mais par réflexion.

[Kevin Poissant]

Le magistrat écouta les paroles et leva un sourcil en questionnement avant de répondre.

-Devrais-je noter ce que vous voulez dire? À moins que vous ne veniez reporter un crime non, je ne compte pas prendre des notes.

Il déposa sa plume dans l’encrier, ouvrant un livre à côté de lui où plusieurs notes prise à la main étaient inscrites. Visiblement des cas à juger qu’il procédait de la pille à sa droite.

[Benoit Lacombe]

Morato Zeder fit simplement un non de la tête, s'assurant que le Magistrat l'avait bien vu hocher la tête de gauche à droite. Ce n'était pas la raison de sa visite, mais une question lui vint tout de même en tête.

- ''Je... Je suis peu familier avec les jugements qui sont en rapport avec les crimes. C'est bien vous qui jugez seul si une personne est... coupable ou non? Ou c'est vous et le Shérif d'un commun accord?''

[Kevin Poissant]

Le magistrat gratta l’endroit qui était normalement sa barbe avant de répondre.

- Les jugements sont une tâche commune avec le shérif, mais au final tous dépend de la nature du crime et de l’accusation. Les plus petits crimes qui finissent en amende peuvent facilement être décidé seul, mais les crimes plus graves tels que le meurtre ou la trahison nécessite normalement un accord commun.  L’application elle-même des sentences quant à elle revient au shérif et à ses hommes.

Puis il se calla lentement mais surement dans son fauteuil moelleux, laissant la conversation prendre un cours plus normal.

[Benoit Lacombe]

Morato Zeder commença à tapoter rapidement le bois de sa chaise, signe de sa nervosité face aux interactions sociales. Son tapottement était toutefois relativement silencieux, mais il était facile pour une personne qui connait bien le psychologique de l'être vivant de voir qu'il était très anxieux.

- ''Une de mes raisons qui m'ont poussé à venir vous voir, c'est... J'ai participé à un travail pour l'école par un de vos enseignants et pour ce faire, nous avons dû utiliser euh... U-Un symbole qui combinait le symbole d'Animancie et le symbole de Chronomancie, et ça permettait de détecter la présence d'esprits dans une... carte du bâtiment. J-Je suppose que vous savez de quoi je parle, mais... est-ce qu'on pourrait techniquement faire une carte du village pour y localiser la présence d'esprits de cette même manière? Est-ce que ça a déjà été fait?''

Morato semblait intéressé par le sujet et y avoir réfléchi beaucoup. Ça ne semblait qu'être le début de ses questions sur le sujet.''

[Kevin Poissant]

Le fondateur parut étonner de recevoir une tel question, il ne se rappelait pas qu’une personne tel que le jeune homme ait rejoint son école. Rare étaient les personnes intéressées par un tel sujet sans faire partie de l’école.

-Je connais ce sort. La réponse est complexe, une tel action est par nature impossible…ou devrais-je dire inutile. La zone de scrutation étant trop grande le sort détecterait s’il y a eu de l’activité spirituelle dans l’entièreté du village. Comme nous savons que le village voit parfois passé des spectres ou esprit pacifique ou dominé, les données seraient inutiles. Ce sort doit être utiliser dans des endroits restreints.

Le fondateur prit une petite pose et griffonna une note rapidement sur un papier, rien de compréhensible.

-Par contre, ce dont vous parlé est de la Haute-magie, bien que j’en aie déjà utilisé, ce n’est pas ma spécialité. Il s’agit de la spécialité du professeur Gilmore. Fort probablement l’homme qui vous à demander d’effectuer cette tâche.

[Benoit Lacombe]

Morato écouta attentivement les dires de l'homme, sans pour autant le regarder directement. Puis, lorsqu'il lui répondit, la nervosité qui tentait normalement son ton de voix naturel était très amoindrie.

- ''Donc, il y a une distance préférable. Il serait bon de connaître justement jusqu'à quel point nous pouvons agrandir la zone de scrutation. Je veux dire, si nous pouvions faire une très grande carte d'une section du village, sur un très grand papier et avec un très grand symbole, ce serait peut-être plus facile de détecter avec précision les spectres plus nuisibles...''

Puis, réalisant qu'il s'était laissé emporté dans ses spéculations, il rougit de malaise et son ton repris soudainement sa nervosité habituelle.

- ''Euh, je... je suis désolé... j'imagine que je devrais en parler au professeur Gilmore, je... je ne veux pas non plus vous importuner avec ce sujet s'il ne... ne vous est pas familier.''

Morato était mal à l'aise. Il avait d'autres questions à poser, mais il ne savait sous quel angle les aborder.

[Kevin Poissant]

Le magistrat ferma brusquement le carnet qu’il avait d’ouvert sur son bureau, visiblement, il perdait patience.

-Ce sort n’est pas précis, il détecte nuisible ou non. Si vous souhaitez un cours sur le domaine aller voir le professeur Gilmore ou Mr Kazuhira Yoshiki. Je maîtrise ce domaine, mais je n’ai pas le temps de donner des cours personnel sur ce sujet à quelqu'un n’appartenant pas à mon institut.

Le magistrat se mit à taper des doigts sur son bureau à un rythme constant.

-Si vous êtes venus ici uniquement pour ce sort, vous pouvez sortir, autrement venez en au point et dite moi la raison de votre visite.

[Benoit Lacombe]

- ''Je, euh...''

Morato Zeder se sentait intimidé. L'homme avait bien plus de stature que lui, et il semblait maîtriser la conversation bien mieux que lui, puisqu'il arrivait à le faire sentir de trop. Morato commençait à se dire qu'il avait fait une erreur en venant ici. Il rougit de malaise, puis se répendit en excuses.

- ''Je... Je suis désolé, je... je ne veux pas vous faire perdre votre temps. En... en fait, votre institut m'intéresse tout autant sinon plus que les Veilleurs, simplement... voilà... je... c'est pourquoi je voulais... vous dire que... si vous avez besoin d'aide externe quelconque il me ferait plaisir de vous aider dans mes temps libres, euh... bénévolement, bien sûr...''

Morato regardait par terre. Il aurait beaucoup aimé faire partie de l'école, mais il ne pensait pas pouvoir revenir ici sans perdre la face à nouveau. Il était certain que les gens riraient de lui, encore.

[Kevin Poissant]

Le magistrat prit une respiration lente puis regarda le jeune Huldre pendant un temps.

-Si l’institution d’éducation vous intéresse à ce point, alors pourquoi ne pas avoir postulé ici? Étant donné votre non appartenance à mon institution, je vais assumer que vous avez appliqué chez les veilleurs. Pourquoi donc?

Le magistrat prit un objet visiblement métallique sur son bureau et commença à jouer avec celui-ci entre ses doigts attendant la réponse de l’Huldre.

[Benoit Lacombe]

- ''Je...''

En fait, l'Huldre s'était posé la question à plusieurs reprises. Il avait débattu longtemps dans sa tête entre les Veilleurs et l'École.

- ''Disons que... La matière de l'École m'intéressait, mais pas les obligations... Alors que les Veilleurs, la matière ne m'intéresse pas tant que ça... mais les obligations oui. J'veux dire...''

Morato réfléchissait comment formuler sa réponse. Il voulait essayer de bien paraître devant l'homme qui se trouvait devant lui, mais en même temps, il ne pouvait nier ses failles.

- ''Je peux pas parler devant un groupe, je... je peux juste... pas. Et l'École me l'exige, en tant que professeur... malgré ça, les sujets d'étude comme les rituels et la magie m'intéresse... tout autant que la technomagie, que je maîtrise déjà bien.

Les Veilleurs... je m'intéresse peu aux créatures, mais je veux découvrir d'autres villages et... et établir des liens commerciaux. Et je n'ai pas vraiment peur de mettre ma vie en jeu dans ce travail, car... enfin... ce ne serait pas une grosse perte.''

Une partie de lui se sentait malaisé de dire cela, car il avait l'impression que l'homme devant lui penserait qu'il dit cela uniquement pour attire l'attention, mais il le pensait réellement. En le disant, il regarda son bras à la fois Huldres et Zanash, qui lui rappelait sans cesse qu'il ne pourrait jamais avoir d'enfant et sans doute jamais avoir de vie de couple. Que valait sa vie lorsqu'il n'avait pas de futur à espérer? Il se dévouerait corps et âme à son travail, car rien d'autre ne l'attendait dans sa vie. C'était ce qu'il pensait.

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